Odile
Odile s’est donné la mort le 1er janvier 2021, à l’âge de 50 ans. Elle a été retrouvée inanimée en début de matinée sur une plage à Toulon. Son décès a été constaté à 12 heures. Ce suicide se place dans un contexte de dégradation de l’état de santé et des conditions de vie d’Odile, qui l’a conduit vers cette issue fatale.
Il ressort des nombreux témoignages des nombres de sa famille, mais également de ses relations amicales et professionnelles, que cette femme a vu son état de santé, notamment sur le plan psychologique, se détériorer de manière considérable à compter de l’année 2010.
A compter de cette date, Odile a entretenu une relation avec H., qu’elle épouse le 30 avril 2011. Va alors progressivement se mettre en place une dynamique d’isolement d’Odile par rapport à l’ensemble de ses proches. Celle-ci a en effet rapidement rompu les liens qui l’unissaient à ses amis, ses collègues, mais également ses frères et sœurs dont elle était particulièrement proche, notamment sa sœur Fadila.
Loin de constituer un simple choix de vie délibéré, ce brusque changement a été accompagné de modifications particulièrement visibles de sa personnalité et de ses conditions de vie.
A ce titre, de très nombreux proches décrivent une perte de joie de vivre, une personnalité “dépressive, éteinte et renfermée”, sujette à angoisses, de telles descriptions contrastant radicalement avec le caractère enjoué, gai et épanoui décrit par les membres de sa famille et de son entourage intime.
Ceux-ci décrivent également des marques d’emprise et de domination exercées sur elle par son conjoint. Plusieurs proches témoignent ainsi de ce que ce dernier faisait obstacle au maintien de ses relations avec sa famille et restreignait son indépendance financière. Sa sœur Fadila évoque ainsi son amaigrissement visible, qu’Odile expliquait par le fait que son époux ne lui donnait “que deux euros pour manger le midi”.
Le passage à l’acte suicidaire de Madame Nasri intervient donc à l’issue de 10 années marquées par une souffrance visible de tous et un isolement résultant d’une situation d’emprise caractérisée.
Les dernier jours d’Odile sont sur ce point de nature à inquiéter. Après plusieurs années d’absence de relation avec ses sœurs, Odile leur écrit, le 17 décembre 2020, un mail intitulé “rencontre – trop tard ou une chance”. Celle-ci leur propose de se revoir, en indiquant “si vous n’avez plus envie c’est la vie… si vous trouvez que ça va rien vous apporter, c’est la vie…”
La rencontre aura lieu le 30 décembre 2020 à Montpellier, Odile tenant alors des propos marqués, selon sa sœur Fadila, par les éléments suivants:
- auto culpabilisation d’être la cause du malheur de son époux;
- idées noires et angoisses;
- auto dénigrement;
- regrets d’avoir quitté Montpellier pour faire plaisir à son époux.
Le 31 décembre Odile a regagné le domicile conjugal et arrive à destination à 12 heures. Il ressort des éléments portés à la connaissance des frères et sœurs d’Odile, qu’une tension très vive s’est fait ressentir dès son retour au sein de l’appartement.
Les circonstances dans lesquelles Odile a attenté à sa vie et le lien manifeste entre son geste et une situation durable de souffrance, au même titre que l’absence totale a empathie manifestée par son époux après sa disparition, ont amené ses frères et sœurs à déposer plainte le 1er juin 2021 auprès du Parquet de Toulon pour harcèlement moral ayant conduit au suicide.